Que
fais-je donc ici ?... Ou suis-je d'ailleurs ?...
Le
poisson couleur bordeaux regardait autour de lui. L'air blasé. Se demandant ce
qu'il se passait. Quand il finit enfin par se rappeler, revenant à la réalité.
Quittant le royaume des songes...
Oh...
C'est vrai... J'avais oublié pendant un instant...
Il
se sorti de sous la couverture de son lit. Nageant vers la salle de bain près
de sa chambre. Tout dans ces deux pièces étaient si beau, si somptueux...
Effectivement, la Cité Chantemer était luxueuse. Un peu trop à son goût
d'ailleurs... Bien que celle-ci était un havre de paix et d'harmonie, il avait
du mal à se faire à toutes ces choses, dont il pourrait amplement se passer.
Eluvëty,
de la famille Beel'nathil, celle des souverains de royaume de la Mer. Il
n'était rien d'autre que ça... Il était le futur prince héritier, vouait un
jour à devenir roi. Gouvernant à son tour le peuple des Synvalik... Qui n'est
pas le seul peuple habitant ces eaux.
Il
existe un deuxième peuple de la mer, celui-ci considérer comme supérieur par
rapport à eux, de par leur sagesse et apparence physique. Ils sont surnommés
les hybrides par certains, mais en réalité, ce peuple se nomme les Aquamé.
Pourquoi les surnomment ont hybride ? Car ce peuple possède une apparence
mi-humaine, mi-poisson, alors que les Synvalik ne sont que poisson.
Il
était un futur roi, et savait déjà qu'il allait gouverner bien mieux que son
père... Depuis de nombreuses lunes, les souverains Synvalik gouvernaient main
dans la main avec les Impératrices Aquamé. Oui, les souverains Sylvanik étaient
mâle et les souverains Aquamé étaient femelle. Et donc, pendant des lunes cette
alliance était primordiale. Malheureusement, le souverain actuel du peuple
poisson était égoïste, et se croyait bien supérieur au peuple hybride,
n'écoutant que très rarement ce que l'Impératrice lui conseillait.
Mais
le prince n'était pas de ce genre-là. Il n'avait pas hérité du mauvais
caractère de son père, mais plutôt de celui de sa douce et tendre mère. Il avait
hâte de gouverner, pour pouvoir rétablir la paix. Mais ne pensez pas qu'Eluvëty
ne fait rien en attendant son couronnement. N'imaginez pas non plus qu'il
complote contre son père pour l'assassiner... Non... Il est bien trop pacifiste
et respectueux des ainés, quelques soit leurs actions. Au contraire, il allait
souvent rendre visite à l'Impératrice Aquamé. Il était, tout comme sa mère,
très proche de ce peuple, et la Grande Impératrice Lobélia Roche d’Argent
demandait souvent comment calmer les ardeurs du roi actuel des Synvalik.
Il
se regarda dans le miroir. Oui, il était définitivement bien de la famille
royale. Il avait, sur les nageoires et sur le côté des yeux, les marques de
naissance typique de la famille Beel'nathil. Toutes blanches, en forme de volutes
très aériennes. Il aimait beaucoup ces marques. Bien qu'elles montrent son
rang, Eluvëty appréciait énormément les choses délicates.
Quand
il était jeune, il voulait devenir archiviste. Il a passé toute son enfance
dans les livres et se refusé de devenir un jour roi. Ce qui provoqua beaucoup
de tensions entre son père et lui. Mais bientôt, en lisant les bons livres, et
en parlant longuement à sa mère sur son avenir, il finit par changer d'avis. Se
rendant compte qu'il pouvait venir en aide à beaucoup de monde en devenant roi.
Le
poisson continua à se regardait dans la glace, non pas qu'il était narcissique,
simplement, il était songeur. Se posant une multitude de questions sur
lui-même. Comme tous les jours depuis que son mariage avait été célébré.
Lunäelle... L'incarne était si mignonne. Une jeune poisson adorable. Mais
quelque chose le gênait. D'abord, son mariage avait été forcé, par son père,
mais aussi surtout par les conseillés royaux... Le prince emplit d'une
tristesse immense avait accourut auprès de Lobélia, qui après une longue soirée
de discussion en regardant la lueur rosée de l'eau ; avait réussi à lui
faire accepter le mariage. L'impératrice lui ayant dit d'accepter son destin
car ce mariage est issu d'une prophétie, indiquant que le 27ème héritié
Synvalik se devra d'épouser l'incarnation de l'esprit des eaux céleste qui
vivra alors. De ce fait, il ne pouvait y échapper. Elle lui conseilla aussi de
rencontrer la dites incarne avant ce fameux événement. Pour voir les côtés
positifs, pour ne pas vivre malheureux. Ces idées après que son esprit se soit
apaisé, semblaient merveilleuses.
Il
rencontra alors l'incarne en question dans un petit boudoir de la cité. Quand
il l'a vu, il pensa tout de suite à une petite fille. Comme à une petite sœur.
Celle qu'il n'avait jamais eu, pour mettre des milliers de rayons solaire chaud
dans sa vie solitaire et morne. Il avait ; bien avant d'apprendre la
nouvelle de ce mariage ; entendu parler de cette incarne, nait avec des
symboles sur tout le corps. Les rumeurs ne mentaient vraisemblablement pas.
Lunäelle Bleu-Du-Soir était d'un vert pomme très doux, par-dessus, tout son
corps était couvert de signes mystiques bleuté. Sur son crâne, surplombant ses
yeux, la marque de son incarnation trônait, formant comme trois montagnes avec
un point entre chaque. Celle-ci souriait d'un regard enfantin. Se dirigeant
timidement vers le prince qui venait d'entrer dans la pièce. Les yeux du prince
n'arrivaient pas à fixer autre chose que les yeux attendrissant de la petite
incarne. Ils avaient discuté pendant un long moment. Parlant de leurs gouts, de
leurs passions, de leurs rêves, aspirations et de leur passé. Le prince réalisa
alors que Lunäelle et lui n'avaient en fin de compte absolument rien en commun.
Elle aimait les choses mignonnes, les bonbons et jouer. Lui aimait la musique,
les arts et les livres. Deux êtres diamétralement opposés. Il se remémora alors
les paroles de Lobélia, ne sachant plus quoi faire, ni quoi décider par rapport
à cette future union. Tout tournait dans sa tête. Eluvëty s'excusa auprès de
son invitée, prétextant qu'il ne se sentait pas bien.
Se
réfugiant alors dans son antre, la bibliothèque. S'enfermant dans l'immense
pièce au sous-sol, abritant les archives et les livres anciens. Flânant, la
tête ailleurs, entre les rayons, humant les odeurs de parchemins. Finalement,
il s'arrêta au hasard dans la pièce. Son agitation semblant s'être apaisé.
Levant les yeux vers le petit vitrail qui servait de fenêtre, il se mit enfin à
réfléchir à la situation actuelle qui s'offrait à lui. Tel un pratiquant à
l'église, Eluvëty laissa tout son désarroi sortir de lui. Changeant de
comportement. Laissant sa tristesse et sa colère éclater dans la pièce de
vieilles pierres résonnantes. Hurlant des « Pourquoi », des « Je
ne comprends plus rien à ma vie » ou encore « Suis-je voué à une vie
inintéressante qui ne peut aider personne ? »
Soudain
un bruit lourd, imposant se fit entendre. La grande porte en bois des archives
était en train de s'ouvrir. Etrange. Habituellement, seul le prince venait ici.
L'archiviste n'étant plus à la Cité Chantemer pour une recherche depuis déjà
quelques mois, c'était Eluvëty qui s'occupait des archives. Une petite requine,
à la peau des plus originale, orange et blanc de motif koï, venait d'entrer
dans la pièce. Que faisait-elle la ? Elle se dirigea lentement vers le
prince, prenant la parole d'un ton calme et apaisant, d'une intonation presque
sage.
-Pourquoi
votre peine s'entend t-elle à l'autre bout de la bibliothèque ? Cela ne va
vraiment pas ?
-Je
m'excuse, je ne pensais pas que l'on m'entende autant, la bibliothèque n'a que
très peu de visiteurs.
-Vous
semblez bien seul Mon Prince. Désirez-vous une oreille attentive ? Ma
visite est exceptionnelle, pour accompagner une amie. Il fallait que je vienne
voir ce merveilleux antre du savoir, lui répondit-elle en souriant doucement.
Le
prince se surprit à rougir. Bien que cela ne se voyait pas sur ses écailles bordeaux.
Elle le connaissait sans l'avoir jamais vu. Comment cela se pouvait-il ?
Comme si celle-ci avait lu dans ses pensées, elle répondit à son interrogation.
-Vous
ne croyez tout de même pas que vos sujets ne savent pas qui vous êtes ?
Tout le monde connait vos marques royales si unique, aucunement similaire à
celles de vos ancêtres.
Eluvëty
se sentait comme tranquille, à l'écoute de cette voix chaleureuse. Il nagea
d'une allure fluide vers elle, lui prenant sa petite nageoire gauche pour la
lui baiser.
-Je
suis enchanté......
-Echöra,
votre Majesté.
-Je
suis enchanté Mlle Echöra.
Il
fixa alors, en relevant sa tête, les yeux noirs, magnifique d’Echöra. Deux
petits orbes d'abimes semblant pleinement conscient de son passé, de son
présent et de son futur.
-Votre
présence me serait peut-être favorable, qu'en pensez-vous ?, lui demanda
le prince, qui était intérieurement tout étourdi par elle.
-J'accepte
avec joie, Mon Prince.
Le
prince fut empli d'une joie soudaine. Il se sentait tellement au fond du
gouffre avec cette histoire de mariage. Un conseil de plus ne lui serait pas de
trop. Ils allèrent alors s'asseoir au fond de la salle, sur un petit sofa en
corail.
-Alors,
racontez-moi ce qui se passe. Peut-être que mes conseils vous aideront. On dit
souvent que je suis de bons conseils.
Le
prince prit alors une inspiration. Jamais il ne s'était confié à quelqu'un
d'autre que sa mère ou bien que Lobélia. C'était un sentiment étrange. Mais,
intérieurement il sentait qu'il pouvait lui faire confiance. Il avait des
papillonnages dans le ventre. Une sensation qu'il n'avait ressenti qu'une seule
fois. Quand il avait vu pour la première fois la beauté de l'Impératrice
Aquamé.
-Comment
vous dire... Je suis lié à un mariage forcé, par une prophétie, à la jeune
incarne des eaux célestes... Pas que j'y soit contre, mais je souhaite une vie
heureuse, que ce soit pour moi ou pour ma future épouse... Mais... Nous n'avons
absolument rien en commun... Je ne sais quoi faire...
Echöra
se leva, se faufilant entre les allées de bouquins, caressant avec précaution
les pages des parchemins ouverts sur les tables...
-Ne
vous inquiétez pas pour Lunäelle, elle trouvera bien vite quelque chose en vous
pour être heureuse.
-Je
parle d'amour voyons ! Mais... Comment connaissez-vous son nom ?...
-Je
suis l'Incarne des eaux profondes, dit-elle en lui montrant sa marque sur le
bout de sa queue.
Lunäelle
est ma sœur de cœur, Mon Prince. Je sais qu'aimer quelqu'un que nous est opposé
est dur. L'amour viendra avec le temps. Ne vous en faites pas. Considérez-la
comme vous l'a voyez, même si elle devient votre femme.
-Je
ne l'a vois... Que comme une petite sœur pour l'instant...
-Alors
considérez la ainsi, et conseillez-la sur le rôle de Reine, en l'a guidant
comme un frère, dit la requine koï en quittant sans bruit la salle, laissant le
prince à ses réflexions solitaires.
